Ovidiu Stanciu: “Ébranlement (Erschütterung) de la finitude” ? La lecture heideggérienne de Fichte et son point aveugle. In: Max Marcuzzi (ed.), Fichte et l’ontologie, Presses Universitaires de Maresille, 2018
On sait que pour Kant « le nom orgueilleux d’une ontologie, qui prétend donner des choses en général des connaissances synthétiques a priori <“¦> doit faire place au nom modeste d’une simple analytique de l’entendement pur » (Critique de la raison pure). Serait-ce alors que l’ontologie, comme pensée de l’íªtre, doive disparaître de toute philosophie transcendantale ? Telle est la question qui anime les textes du présent volume, oí¹ sont proposés des regards croisés sur une possible « ontologie » fichtéenne. Il en ressort la question du statut de l’absolu, et, corrélativement, du degré de la rupture chez Fichte entre métaphysique dogmatique et philosophie transcendantale. D’un cí´té, Fichte dit ne parler que du savoir et non de l’íªtre – ce pour quoi son Å”uvre est une doctrine de la science. D’un autre cí´té, il affirme l’íªtre sous la forme de Dieu, et son discours semble alors rejoindre la situation qui précí¨de la distinction entre ontologie (comme métaphysique générale), et théologie (comme métaphysique spéciale), établie au cours du XVIIIe sií¨cle.
Les présentes études montrent que la redétermination tant de l’íªtre que de Dieu justifie chez Fichte leur identification, et une réduction de l’ancienne métaphysique au biní´me íªtre/image. Parce que l’íªtre n’est pas chez Fichte un íªtre mort, inerte, mais vie et réalité dynamique, il est par soi créateur et mérite í ce titre d’íªtre compris comme Dieu. Si le concept d’íªtre et l’idée de Dieu subissent ainsi une modification totale de leur détermination, une simple reconduction de la pensée de Fichte í une métaphysique précritique manquerait l’essentiel de la visée de sa doctrine. C’est ce que visent í établir les études du présent volume.