Cristian Ciocan: “La gení¨se du probleme de la mort dans la pensée du jeune Heidegger”, in: Sophie-Jan Arrien & Sylvain Camilleri (Ed.), Le jeune Heidegger 1909-1926, Vrin, 2011
Dans cette étude, nous nous proposons d’investiguer la gení¨se du problí¨me de la mort dans la pensée de Heidegger, problí¨me qui aboutit dans íŠtre et Temps í une construction trí¨s rigoureuse et imposante. Questionner la gení¨se de ce problí¨me signifie non seulement s’interroger sur l’influence qu’ont exercé sur Heidegger des penseurs tels que Kierkegaard et Jaspers ou des lignes interprétatives telles que l’expérience proto-chrétienne relue í travers le prisme luthérien, mais aussi identifier, dans les textes qui précí¨dent l’élaboration de íŠtre et Temps, des couches problématiques préalables, des traces antérieures d’investigation, des approches tâtonnantes d’un phénomí¨ne qui deviendra, dans l’analytique existentiale, le véritable tournant de l’existence, le point de fuite í partir duquel le Dasein sera í míªme de se projeter vers son íªtre authentique. Car c’est la mort qui va constituer la tension ou la dynamique existentiale spécifique entre les deux tendances de la vie facticielle : celle qui consiste í se perdre dans le monde en se laissant dominer par lui (l’inauthenticité) et celle qui implique de se replier sur soi-míªme et de se retrouver en tant que soi (l’authenticité en tant qu’appropriation de soi). Nous tenterons donc de localiser les étapes dans lesquelles le problí¨me de la mort s’est insinué dans le projet philosophique heideggerien, d’évaluer l’évolution spectaculaire de ce thí¨me et d’esquisser sa concrétisation de plus en plus décisive pour la description de l’existence de l’homme.